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Le Québec souffre-t-il d'immobilisme?

Le projet d'implantation d'un casino de Loto-Québec dans le quartier Pointe-Saint-Charles, conçu avec la collaboration du Cirque du Soleil, a été abandonné en 2006 en raison de la trop forte opposition de la part de la population et des organismes du quartier.
Le projet d'implantation d'un casino de Loto-Québec dans le quartier Pointe-Saint-Charles, conçu avec la collaboration du Cirque du Soleil, a été abandonné en 2006 en raison de la trop forte opposition de la part de la population et des organismes du quartier.

Karine Bellerive

Absence de grands projets structurants et mobilisateurs, tergiversations et indécision, le portrait du Québec esquissé par les médias n'est guère reluisant. Les éditoriaux et les lettres d'opinion qui dénoncent notre apparent immobilisme collectif en matière de développement se sont multipliés dans les pages des journaux depuis quelques années. Mais cette perception, manifestement de plus en plus répandue, est-elle réellement fondée?

Il faut admettre que les exemples qui tendent à soutenir la thèse de la stagnation ne manquent pas. Pensons seulement au rendez-vous manqué entre Loto-Québec et le Cirque du Soleil. L'abandon du projet de création d'un centre récréo-touristique de calibre international, lequel impliquait la relocalisation du Casino de Montréal dans le quartier Pointe-Saint-Charles, en a déçu plus d'un. Évoquant la lourdeur du processus décisionnel, le partenaire privé a préféré se retirer. «[…] Je suis convaincu que nous aurions pu faire de ce projet un modèle de concertation et de partenariat avec les forces vives du milieu», déclarait pourtant le président-directeur général de la société d'État, Alain Cousineau, dans une lettre ouverte publiée en 2006 dans le journal Les Affaires.

Le projet de développement immobilier de Griffintown, qui prévoit des investissements de 1,3 milliard de dollars dans un quartier défavorisé, est fortement critiqué. Des citoyens et des organismes demandent que le promoteur tienne davantage compte de l'aspect environnemental et qu'il ajoute des unités de logement  social au projet.
Le projet de développement immobilier de Griffintown, qui prévoit des investissements de 1,3 milliard de dollars dans un quartier défavorisé, est fortement critiqué. Des citoyens et des organismes demandent que le promoteur tienne davantage compte de l'aspect environnemental et qu'il ajoute des unités de logement social au projet.

L'interminable controverse suscitée par le projet de parachèvement de l'autoroute 30, ainsi que la volte-face du gouvernement dans le dossier de la construction de la centrale thermique du Suroît et dans celui de la privatisation d'une partie des terrains du parc national du Mont Orford, semblent également traduire notre difficulté à adopter une vision commune.

D'un point de vue social, les débats soulevés par les vastes tournées de consultations publiques au Québec en 2007 sont plus ou moins tombés à plat. Ainsi, alors que les différences culturelles constituent un enjeu majeur dans un contexte de mondialisation et de mobilité des personnes, les échos de la Commission Bouchard-Taylor suggèrent qu'on a souvent priorisé l'anecdotique au détriment de la réflexion profonde. Autre exemple : malgré les incontournables défis engendrés par le vieillissement de la population, la consultation sur les conditions de vie des aînés coprésidée par la ministre Marguerite Blais et le doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS, Réjean Hébert, n'a toujours pas donné lieu à la création d'une véritable politique en matière de personnes âgées.